Foire aux questions
Cette page recense toutes les questions que nous posent nos clients (ou même nos proches parfois) à propos des prestations d’interprétation ou du métier en général.
Si les activités de traducteur et d’interprète étaient similaires, il n’y aurait pas deux mots différents pour les désigner. La différence est simple : un traducteur travaille à l’écrit, un interprète travaille à l’oral. Si dans les deux cas l’objectif est le même, exprimer un contenu d’une langue de départ vers une langue d’arrivée, le moyen d’y parvenir est radicalement différent.
Un traducteur a accès à l’intégralité du contenu qu’il doit traduire, il a le temps de se familiariser avec son texte, améliorer soigneusement sa formulation et dispose de tout le délai imparti de la commande pour parfaire son travail. L’interprète, lui, travaille en direct. Il est soit à côté de son client, soit en cabine tandis que l’orateur s’exprime dans un micro. Il traduit à l’oral en continu, mais doit garder la même rigueur et la même précision que si c’était une traduction écrite. Ce dernier, qui travaille la plupart du temps vers sa langue maternelle, doit transmettre l’intégralité du message exprimé par l’orateur, en n’oubliant rien, en gardant un niveau de langue élevé et avec une diction et une prosodie impéccable.
Sans bien sûr dénigrer le travail de qui que ce soit, il est évident que le métier d’interpète recquiert une expertise et une technicité beaucoup plus élevées qu’un traducteur. C’est pour cette raison que la plupart des interprètes professionels sont formés dans les universités avec un Master. Ces formations sont rigoureuses, difficiles et longues, mais exceptionnellement efficaces et garantissent un niveau technique à toute épreuve. Il faut donc se méfier des traducteurs et/ou des personnes bilingues de naissance s’autoproclamant “interprètes” n’ayant pas de diplômes ou de qualifications justifiant un tel statut.
Ces appellations désignent des modes d’interprétation différents. Chaque mode d’interprétation correspond à une technique et a une situation particulière. En l’occurence :
- interprétation consécutive : technique d’interprétation au cours de laquelle un orateur s’exprime de manière continue pendant que l’interprète prend des notes. Une fois que l’orateur a terminé, l’interprète se met alors à restituer le discours précédemment prononcé dans une autre langue en s’aidant de ses notes et de sa mémoire. On l’appelle consécutive puisque l’interprétation est consécutive aux discours. Ces derniers étant très souvent rapides et techniques, l’orateur doit s’exprimer généralement par portions de discours durant au maximum 6 à 7 minutes, afin que l’interprète puisse les restituer avec fidélité et précision.
- interprétation simultanée : c’est celle à laquelle on pense le plus souvent lorsqu’on parle d’interprétation de conférence : c’est une technique d’interprétation au cours de laquelle l’orateur s’exprime en direct en parlant dans un micro, ce même micro est relié à une console dans une cabine. Cette console envoie le son du dicours dans un casque dont l’interprète se sert. Ce dernier ecoute l’orateur dans le casque et traduit à l’oral en direct dans un micro, ce micro étant relié à un système sonore qui permet de diffuser l’interprétation pour le public. On l’appelle simultanée parce que l’interprétation est simultanée au discours.
- interprétation de liaison : technique d’interprétation au cours de laquelle l’orateur parle en face d’un groupe d’auditeur. L’interprète se trouve parmi le groupe d’auditeur et interprète dans la langue que parlent ces derniers. On parle aussi parfois d’interprétation chuchotée, lorsque, pour des raisons acoutisques ou de confidentialité, l’interprète baisse sa voix et est quasiment en train de chuchoter.
Chaque modalité a été conçue pour répondre à des situations particulières. Historiquement, les interprètes faisaient toujours de la consécutive et/ou de la liaison. Ceux-ci servaient surtout lors de négociations diplomatiques. C’est à partir du procès de Nuremberg à la suite de la Deuxième Guerre Mondiale qu’est née la simultanée. En effet, il fallait couvrir de nombreux sens linguistiques, et surtout, il fallait économiser le plus de temps possible pour ne pas faire trainer en longueur une procédure judiciaire déjà immense. Vous l’aurez donc compris, pour une personne voulant organiser un évènement multilingue, le choix de la modalité d’interprétation dépend de deux facteurs : le nombre de sens linguistiques et le contexte dans lequel va se dérouler la mission.
L’interprétation de liaison convient très bien à des contextes assez informels, à des visites et/ou déplacements, ainsi qu’a des négociations en petits groupes. L’avantage réside dans l’absence de besoin de matériel, l’interprète est ainsi aussi mobile que nécessaire. L’inconvénient par contre, c’est que la liaison ne marche que pour des évènements avec peu de monde, et cette modalité est très peu adaptée à des évènements techniques.
L’interprétation consécutive présente peu ou prou les mêmes avantages que la liaison, si ce n’est que grâce à ses notes, l’interprète peut restituer des discours plus complexes et plus techniques. La conférence de presse est un exemple typique d’une situation où la consécutive convient le mieux.
L’interprétation simultanée, la plus utilisée lors de conférences multilingues, présente l’avantage de produire une traduction en direct, et permet de couvrir un maximum de langues et d’économiser du temps puisque l’interprétation se déroule en même temps que se prononcent les discours. L’inconvénient majeur, et non des moindres, réside dans le coût de l’organisation et de l’équipement.
Il est certes vrai qu’aujourd’hui beaucoup de personnes peuvent comprendre et parler l’anglais, du moins pour maintenir une conversation, ce qui facilite les échanges. Pour autant, il n’est pas non plus à la portée de tout le monde maîtrisant l’anglais de tenir un évènement multilingue de plusieurs jours sur un sujet technique. Faisons un parallèle, une personne lambda possède deux mains, cela la rend-elle automatiquement capable de jouer Franz Liszt au piano ? Non, il faut bien se former au piano, et pratiquer pendant des années avant d’avoir un niveau convenable.
C’est la même chose pour la pratique linguistique : chacun peut maîtriser une ou plusieurs langues, mais si cette pratique n’est pas régulièrement exercée et entraînée, et surtout orientée vers l’interprétation, alors il sera difficile de pouvoir être au niveau pour assurer un évènement multilingue. C’est à cela que sert l’interprète, à économiser le temps de préparation linguistique des participants pour que ceux-ci n’aient qu’à se concentrer sur le message qu’ils doivent communiquer. On n’est jamais plus à l’aise que dans sa langue maternelle, l’interprète joue le rôle de médiateur entre deux langues.
Qui plus est, il ne faut pas oublier un point fondamental : la plupart des évènements multilingues sont techniques, et très complexes d’un point de vue terminologique. L’interprète se charge précisément de cette préparation minutieuse dans toutes les langues dans lesquelles il travaille. Enfin, c’est oublier qu’une langue c’est aussi une culture, avec ses spécificités, ses références et ses accents. Sensible à ces différences, et ayant vécu dans les pays de ses langues de travail, l’interprète est capable de capter toutes ces nuances de langage, ce qui évite toute incompréhension interculturelle.
En résumé, faire appel à un interprète c’est garantir le bon déroulement d’un évènement multilingue et c’est l’assurance d’une communication optimale entre tous les participants.
L’intelligence artificielle a effectivement connu un énorme progrès au cours des dernières années. Désormais, l’IA est capable de produire une traduction de qualité sur certains documents. Néanmoins, il ne faut pas oublier que l’IA ne comprend pas ce qu’elle traduit, elle procède par imitation et association. Cela pose donc un énorme problème dès lors qu’elle doit se confronter à l’expression d’une pensée humaine complexe. Faites un test : donnez un poème de Baudelaire, Rimbaud etc… à traduire à une IA, vous constaterez que le résultat sera décevant. Il en va de même pour l’interprétation.
De plus, tous les prototypes d’IA d’interprétation produits ne sont efficaces que pour des conversations très basiques, fonctionnent assez lentement et rencontrent des difficultés avec les accents,. En bref, elles sont donc inadaptées à toutes les circonstances d’une vraie réunion multilingue. Qui plus est, nombre d’associations d’interprètes ont soulevé le problème de confidentialité que posent ces prototypes, puisque les entreprises qui les fabriquent se réservent le droit d’enregistrer les interprétations. Il semble donc clair donc que pour l’instant, le choix à privilégier reste celui de l’interprète.